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L’identité et les limites géographiques des bourgognes sur le temps long

Tags : Société et Économie Viticole

Porteur(s) : Université de Bourgogne

Responsable(s) scientifique(s) : Jean-Pierre Garcia (UMR ARTeHIS et Maison des Sciences de l’Homme de Dijon)

Coût total 2017 : 45 610 € (soutien FEDER : 15 747 €)

Financeur(s) : Conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté ; Syndicat des Bourgognes ; FEDER

Présentation

Ce projet de recherche s’incrit à la suite de la réflexion qui a abouti au colloque final « Bourgogne(s) viticole(s) –Enjeux et perspectives historiques d’un territoire » sous l’égide de S. Wolikow à la MSH-Dijon (déc. 2015). Ces questionnements de chercheurs mettent en lumière toute une dynamique à l’œuvre dans la filière viti-vinicole dans un contexte de reconfiguration récente des territoires régionaux, d’ouverture des marchés et de reconnaissance patrimoniale (climats de Côte-d’OR inscrits par l’UNESCO). Ils rencontrent les problématiques d’acteurs de la filière regroupés dans le syndicat des bourgognes qui posent la question de la définition de l’AOC Bourgogne impliquant les limites de l’aire géographique.

En effet des études préliminaires (Grillon, 2016 ; Labbé, 2016) ont montré les fluctuations de cette Bourgogne entendue comme viticole du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. Claude Arnoux restreint en 1728 la « vraie Bourgogne » à la ligne de côte reliant Dijon et Chagny, tandis que P. Maigne va jusqu’à inclure en 1921 certains vins du Forez et de l’Ain parmi les vins vendus comme « vins de Bourgogne ». Jusqu’aux années 1850, les classements se fondent sur le cadre tri-départemental (Yonne, Côte-d’Or, Saône et Loire), puis dans la seconde moitié du XIXe siècle sur de grandes régions naturelles partageant des caractéristiques physiques communes. Cela entraîna à terme la notion de « Bourgogne viticole » à compter des années 1860.

Ces grands ensembles régionaux nouvellement définis par les géographes ne recoupent pas les limites de la Bourgogne administrative. Ce sont évidemment les marges septentrionales (Les Riceys) et surtout méridionales (Beaujolais) de la Bourgogne qui évoluent le plus dans le temps, autour d’un noyau central stable (Yonne, Côte d’Or, Saône-et-Loire). Cette réflexion témoigne d’une volonté nouvelle de constituer un espace véritablement identitaire propre aux vins de Bourgogne, et susceptible d’être accepté par l’ensemble de la profession sur un vaste territoire, qui aboutit aux débats occasionnés par le jugement de délimitation de 1930 (Jacquet 2008 ; Labbé 2016). Ce contexte est celui qui a cours depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plutôt favorable à l’extension des limites de la Bourgogne des vins. De cette évolution émergent plusieurs thématiques de recherche, enjeux forts pour la recherche et pour le syndicat des Bourgogne :

  • Les limites de la Bourgogne viticole : Il s’agit de comprendre la construction de ces limites avec les autres régions viticoles, elles aussi alors en dynamique délimitation : avec le Jura, avec le vignoble des Riceys qui n’est plus Bourgogne et le Châtillonnais qui n’est plus Champagne, et les critères qui ont été utilisés pour ces choix. Pour les limites entre Mâconnais et Beaujolais, on s’intéressera à comprendre l’orientation des Crus du nord Beaujolais et du sud Saône et Loire vers le Beaujolais au début du XXe siècle. Il s’agira d’identifier les moments critiques de bascule sur la dénomination finalement utilisée, les acteurs promoteurs de ces normes et leurs motivations, les arguments, les contextes historiques, juridiques, politiques de ces moments-clés.
  • Le Jugement de 1930 et ses suites : A la suite du jugement définissant la Bourgogne (Jacquet 2008, Labbé 2016, Grillon, 2016), dans le contexte de la mise en place des appellations d’origine, les travaux porteront spécifiquement sur l’étude des travaux de la commission (CNAO) INAO mandatée en 1937 pour réaliser la délimitation ; l’étude des évolutions des délimitations après le jugement de 1930 (critères, acteurs, contextes).

Les liens Bourgogne (Mâconnais)-Beaujolais : L’idée que le Beaujolais puisse appartenir à la Bourgogne viticole apparaît déjà dans des mémoires d’érudits du dernier quart du XVIIIe siècle. Mais elle sera surtout mise en avant par l’ouvrage œnologique de référence d’André Jullien en 1816. Au final, le Jugement de Dijon du 29 avril 1930 accorde un régime d’exception au Beaujolais et à une partie du Mâconnais à qui il est permis de produire du « Bourgogne » avec du gamay sous certaines conditions. On s’interrogera sur cette particularité suivant plusieurs axes de recherche: étude sur les usages de production et de commercialisation des vins issus du Beaujolais d’après les classifications historiques; dénominations utilisées dans le temps, suivant les acteurs et les marchés ; différences éventuelles d’usage entre les différents secteurs (zone des Crus, des beaujolais-villages, des beaujolais; Recensement et analyse des travaux INAO de délimitation sur les appellations de Bourgogne et du Beaujolais depuis 1936.

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